Lascaux 3, retour aux sources d’une aventure mondiale : rencontre avec Nathalie Grenet

Lascaux Nathalie Grenet Muséographie Structure Alu

Après avoir conquis plus de 2,5 millions de visiteurs dans 13 pays, l’exposition internationale Lascaux 3 revient à Cap Sciences. Nathalie Grenet, cheffe de projet et muséographe, nous partage les coulisses d’une aventure technique, humaine et patrimoniale hors du commun.

LASCAUX, l’Exposition Internationale LASCAUX, l’Exposition Internationale

Dès son lancement, l’exposition internationale Lascaux 3 s’est engagée dans une tournée mondiale en itinérance. Pendant dix ans, cette exposition itinérante a voyagé dans 13 pays et 19 étapes à travers 4 continents, séduisant plus de 2,5 millions de visiteurs, et fédérant une équipe d’irréductibles passionnés présents à chaque montage et démontage.

Après cette décennie de voyage, l’exposition a connu deux années de refonte à Montignac pour tester et repenser ses dispositifs scénographiques. Elle a ensuite été présentée à Cap Sciences Bordeaux du 13 juin au 31 août 2025, marquant une étape forte pour l’exposition internationale Lascaux et confirmant son rôle dans la diffusion patrimoniale.

Et à la tête du projet aujourd’hui, une femme de conviction : Nathalie Grenet, muséographe et cheffe de projet.

« Je suis périgourdine, passionnée par la préhistoire. Lascaux, c’est pour moi un projet fondateur. »

Engagée dans cette exposition depuis ses débuts, Nathalie en a accompagné l’évolution comme muséographe, avant d’en reprendre la direction en 2023. Un passage de relais tout en continuité, à l’image du projet : exigeant, fidèle à son esprit d’origine, et toujours en mouvement. 

Un fil rouge professionnel et personnel

Derrière cette implication de tous les instants, il y a bien plus qu’une mission de travail. Pour Nathalie Grenet, Lascaux est une évidence, une ligne directrice.

« Ce projet, je le porte depuis longtemps. Il a même été à l’origine de ma décision de me lancer à mon compte en 2010. »

Née dans le Périgord, elle a grandi avec la grotte de Lascaux en toile de fond. La préhistoire et la muséographie sont ses domaines de prédilection. Alors quand l’opportunité s’est présentée de reprendre le flambeau, c’est presque naturellement qu’elle a dit oui.  Après une passation en douceur avec Olivier Retout, directeur historique du projet, elle prend officiellement les rênes en octobre 2023. Un passage de relais préparé, accompagné, avec une équipe quasiment inchangée depuis plus de dix ans. 

Une mécanique bien huilée : entre fac-similé monumental et précision millimétrée

Mai 2025. Cap sur Montignac, pour ce que l’équipe appelle le "pré-montage". Après deux années de travail de refonte, c’est la première fois que la reconstitution de la salle des taureaux — pièce maîtresse de l’exposition internationale Lascaux — est montée dans son intégralité.

Onze éléments massifs, un grill structurel, une mise en place technique digne d’un chantier d’envergure. Tout est à tester, ajuster, éprouver. Les plans ont été dessinés, les modèles 3D validés… mais c’est bien la réalité du terrain qui va faire foi.

« Ce moment-là a été un vrai test grandeur nature. On devait vérifier que tout tenait, que tout s’imbriquait. »

Au cœur de ce montage : la structure aluminium fournie par Levenly et ses partenaires. Leur grill sur mesure, imaginé dès les premières phases du projet, s’insère parfaitement dans la scénographie de l’exposition Lascaux Cap Sciences.

« Ce qui a fait la différence, c’est la manière de travailler de Benoît et donc de Levenly. Il est rigoureux, précis, toujours dans la recherche de solutions. Chaque échange était clair, documenté, fluide. »

Grâce à cette préparation, le montage final à Cap Sciences, quelques semaines plus tard, se déroule sans accroc. Quelques adaptations mineures, mais aucun contretemps majeur. Une réussite technique et collective, qui renforce la cohésion d’une équipe aux métiers variés. 

Quand la scénographie devient langage

Chez Nathalie, la muséographie n’est pas une simple mise en scène. Elle devient un véritable langage — un lien entre le passé et le présent, entre la trace laissée par les artistes de la grotte de Lascaux et l’émotion ressentie par les visiteurs d’aujourd’hui.

« Lascaux, ce n’est pas juste une exposition. C’est une expérience. Ce que je cherche à provoquer, c’est un moment de bascule : quand le regard s’illumine, que la surprise devient émotion. »

Dans la salle des taureaux, la lumière, le son, la scénographie immersive créent une atmosphère hors du temps. Un moment suspendu où chacun peut ressentir, presque physiquement, ce que signifie l’art pariétal. Un geste qui semble inutile, mais essentiel. Une création gratuite, mais fondamentale, à l’image des dessins dans les grottes de Lascaux. 

Lascaux, miroir de l’humanité

Au-delà de l’émotion esthétique, Lascaux 3 transmet une histoire universelle : celle de notre lien au vivant, de notre besoin d’art, de sens, de transmission. Le projet est conçu comme une expérience complète, où l’information scientifique côtoie l’éveil sensoriel.

« Ce projet est profondément humain. Il mobilise des compétences très variées, mais aussi des sensibilités. Et quand je vois les réactions des enfants, leur fascination, leur curiosité… je me dis qu’on tient quelque chose d’essentiel. »

C’est cette portée patrimoniale et émotionnelle qui guide toute l’équipe. Lascaux est à la fois un témoignage millénaire et un miroir de ce que nous sommes : des êtres capables de créer, de transmettre, d’émerveiller. 

Un avenir à imaginer, à incarner

Aujourd’hui cheffe de projet à plein temps, Nathalie Grenet porte aussi la mission de diffusion. Car pour que Lascaux continue de vivre, il faut lui trouver de nouveaux lieux d’accueil, de nouveaux publics.

« Ce n’est pas forcément dans ma nature de me présenter comme une commerciale, mais c’est devenu essentiel. Il faut faire tourner l’exposition, trouver des partenaires, adapter le discours selon les contextes culturels. »

Le défi est de taille : Lascaux 3 est une exposition ambitieuse, avec un investissement conséquent porté par le Département de la Dordogne et la Semitour. Elle ne peut exister qu’en mouvement, accueillie dans des structures capables d’en assumer les exigences techniques et scénographiques.

Les prochaines pistes ? L’Espagne dès 2026. Et peut-être Chicago en 2027, dont des représentants sont venus découvrir l’exposition à Bordeaux. Partout, il faudra adapter le contenu, retraduire l’intention. Mais cela fait partie de la richesse du projet : il n’est jamais figé. Et surtout, il est toujours accompagné.

« Nous sommes une petite équipe très soudée. Et moi, je serai là à chaque étape. C’est un engagement sur dix ans. Et j’en suis. » 

Réalisation de la structure pour soutenir le fac-similé de la salle des Taureaux de la Grotte Lascaux Réalisation de la structure pour soutenir le fac-similé de la salle des Taureaux de la Grotte Lascaux
Expérience de visite immersive dans la salle des Taureaux de la Grotte Lascaux Expérience de visite immersive dans la salle des Taureaux de la Grotte Lascaux

Transmission, rigueur et émotion

À travers la voix de Nathalie Grenet, Lascaux 3 révèle toute sa densité : un projet technique et culturel, mais aussi une aventure humaine. Une exposition née d’une région, qui parcourt le monde pour rappeler une chose simple : créer, c’est ce que les humains ont toujours su faire de plus puissant.

Et si aujourd’hui cette reconstitution itinérante continue de toucher, c’est aussi grâce à celles et ceux qui la font vivre, avec une passion qui traverse les années - et les continents.